La dépréciation moyenne annuelle des francs congolais face au dollars a été de 17% depuis le 30 Juin 1998 d’après le professeur Congolais Jean Louis Muyembe.
La dépréciation est définie en économie comme la perte de la valeur d’une monnaie, ici les francs congolais.
En 2016 par exemple, 1 dollar s’échangeait à 920 francs congolais. Le taux officiel avait augmenté de 43% passant de 1450 francs pour 1 dollar, voire 1500 à 1600 francs sur le marché noir en Aout 2017 précisément.
En ces jours, le seul dollar se négocie à 2000 voire 2050 francs congolais.
La donne est donc loin de changer en faveur du peuple. Les habitants sans espoir de voie de sortie, continuent à faire face à des sérieux problèmes dus aux fluctuations du taux de change.
Dans leurs activités économiques quotidiennes, ces derniers demeurent les victimes du premier rang de cette situation.
Rencontré au marché dit Baba Cingazi situé en commune d’Ibanda à BUKAVU dans la province du Sud-Kivu, Cubaka BISIMWA vendeur des cartes prépayées affirme que rien n’est plus comme avant pour ses activités. Pendant qu‘avant, grâce à ses bénéfices, il payait les frais scolaires pour ses frères et faisait des épargnes pour relancer ses activités d’élevage ; ces réalisations sont désormais difficilement réalisables à cause de la fluctuation continue du taux de change.
« Avec la flambée des prix dû à la dépréciation, les marchandises s’écoulent à compte-goutte et par conséquent les profits se perçoivent à peine ». Affirme-t-il. « A cause d’une faible rotation des ventes, je finis par affecter mon capital à mes consommations de routine plutôt que les intérêts sans espoir d’où je puiserai une autre somme pour le relancer à nouveau » renchérit en fondant presqu’en larmes cet habitant du quartier A en commune de Bagira.
Qu’est ce qui cause donc cette situation qui affecte autant les parties prenantes au circuit économique ?
Le recours à la planche à Billets en est l’une des causes majeures renseigne l’économiste Defo BALIBUNO.
En effet, dans le temps, avec la défaillance de la BIAC la caisse de trésorerie publique, l’Etat s’était retrouvé dans les difficultés réelles de faire face à ses dépenses courantes internes. Ce dernier a recouru à la planche à billets sans contrepartie en terme de production notamment.
«Quand on produit à l’interne, on exporte les biens et services. Les clients nous paient donc en devises; ces dernières entrent alors en circulation et évitent la dépréciation de la monnaie du milieu» Renseigne-t-il
La production étant inférieure à la demande interne, pour la satisfaire il nous faudra acheter à l’extérieur. Nous payons en francs et donc il n’y a pas des devises qui entrent en circulation nationale. D’où la dépréciation continue des francs congolais.
La chute de la valeur des matières au niveau mondial. Sans transformation, les matières premières exportées se négocient ainsi sur le marché boursier étant donné que le pays exportateur pour ce cas la RDC n’y a donc le pouvoir de négociation vu leur état brut.
Pour sa part Euphrasie KANINGINI économiste et enseignante aux universités de Bukavu fait allusion à La situation politique du pays comme autre cause. « Les investisseurs ne peuvent pas éjecter leurs monnaies au pays et l’environnement des affaires n’y est pas favorable vu les troubles politiques qui s’y rapportent. Cette situation cause ainsi la carence des devises et la circulation massive de la monnaie nationale » Explique-t-elle. D’où la dépréciation.
Celle-ci ajoute que pour autre raison ; certains investisseurs et spéculateurs vendent les devises sur le marché.
Jeph AMENIPA, acheteur fréquent des biens et services rencontré au marché Nyawera situé en commune d’Ibanda renseigne que le mal de la dépréciation des francs est vraiment très profond.
« Mon pouvoir d’achat ne continue que de diminuer chaque nouveau jour depuis maintenant quelques années. A quel sein devons-nous nous vouer ? qui nous dirige et quelles sont ses priorités en fait. C’est simplement ses intérêts égoïstes ? Madame je suis sous le choc et ça me fait encore très mal d’en parler. » Mentionne-t-il.
« Avant avec 1000FC par exemple j’achetais deux bons ananas pour ma famille. Aujourd’hui, je n’obtiens qu’un seul pour la même somme. Qui va manger et qui ne va pas ? Je ne fais pas allusion à l’augmentation de la ration alimentaire que je dote actuellement à mon épouse sans augmentation équivalente sur mon salaire. Ou allons-nous chère journaliste ? Trouvez vous-même la réponse» Finit par regretter ce père de 5 enfants et prends par la suite le large.
Que faire pour sortir de cette crise qui gangrène la population ? plusieurs observateurs pensent que connaissant ses causes, il est opportun que les concernés à différents niveaux accordent une attention particulière à ce mal afin d’y trouver une solution définitive et délivrer ainsi les paisibles citoyens ; entre temps les conséquences continuent d’impacter.