«Tout est bien qui finit bien. » Sur presque toute l’étendue de la vaste République Démocratique du Congo, une grande effervescence a régné lors des différentes cérémonies de collation des grades académiques de nombreux lauréats et de clôture de l’année académique 2017-2018, en cette matinée de ce mardi 31 juillet 2018, dans une ambiance très conviviale, en présence de distingués invités. Si dans la province du Sud-Kivu, cette ambiance est légitime et compréhensible, on ne saurait éluder ou contourner une pertinente question que se pose tout observateur, de l’actuel système d’évaluation dans les universités congolaises : ces étudiants qui terminent aussi bien au niveau du graduat, de la licence méritent-ils réellement leurs diplômes?
Actuellement, au Sud-Kivu, nombreux établissements de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU) ont clôturé l’année académique 2017-2018 avec le tapage de cris, sifflets et grincements des pneus de voitures qui accompagnent cette cérémonie.
Une manifestation de joie qui justifie d’abord, les années de sacrifices, de privations que se sont imposées aussi bien l’étudiant finaliste que sa famille et ses connaissances pour honorer les divers frais académiques exigés imperturbablement à tous les niveaux d’études pendant plusieurs années, particulièrement lorsqu’un apprenant redouble durant plusieurs années académiques.
Ensuite par l’espoir que suscitent les jeunes fraichement formés au sein de leurs familles et pour l’avenir de la République Démocratique du Congo qui possède ainsi des nouveaux artisans de son développement social, économique et intellectuel.
Toutes ces considérations amènent chaque personne impliquée dans ce processus à se réjouir, chacune à son niveau et suivant sa propre motivation.
Les lauréats et leurs familles, mais aussi et surtout les formateurs qui sont les autorités académiques et professeurs d’universités préfèrent se concentrer uniquement sur la recherche de l’emploi ou le reclassement professionnel de ces nouveaux «chômeurs». Et pourtant, pour les employeurs de ces produits des universités congolaises, c’est un débat nécessaire et incontournable pour l’émergence du pays et qui appelle aujourd’hui d’autres interrogations.
Comment s’effectuent et sont cotés les interrogations, les travaux pratiques, les travaux de fin de cycle dans les auditoires ? Les formateurs, les professeurs ou leurs assistants prestent-ils effectivement dans les auditoires, conformément à leur charge horaire ? Au finish, ces produits placés sur le marché de l’emploi peuvent-ils se défendre, chacun dans sa spécialité ?
Une bonne formation exige nécessairement du temps, autant de la part du formateur que de l’apprenant. En plus de cette disponibilité, une université ou un institut supérieur se doit et cela conformément à la loi régissant ce secteur de l’Education nationale de posséder au minimum un site propre, un corps professoral propre, un laboratoire et une bibliothèque spécialisée.
Au Sud-Kivu, l’insuffisance du corps professoral provoque assurément l’insuffisance d’encadrement des étudiants. Les professeurs prestent dans plusieurs universités et en plus ils sont retenus dans des fonctions politiques, laissant leurs cours entre les mains de leurs assistants parfois non encore expérimentés.
Par ailleurs, ces mêmes professeurs, à cause des charges-horaires cumulées de plusieurs universités et instituts supérieurs, peinent à bien jauger et bien corriger les différents travaux de fin de cycle, des travaux pratiques et des interrogations permettant une meilleure évaluation des étudiants.
Ce service est souvent abandonné aux assistants qui, parfois avec l’accord ou non du professeur titulaire du cours, bradent et monnayent les cotes. Comment faire autrement lorsqu’un professeur titulaire du cours ou son assistant a devant lui entre 1.000 et 2.000 exemplaires à lire ou à corriger, provenant de multiples institutions de formation universitaire. La clémence dans l’évaluation qui en résulte ne peut faire l’objet d’aucun doute. Dans cette situation, comment s’étonner de la perte, voulue ou non, des cotes ? C’est une résultante logique que les étudiants endurent chaque année.
En somme, la dégradation spectaculaire du système d’Enseignement supérieur et universitaire en RD Congo, a donné lieu à de nouveau vocabulaire. Si depuis quelques années on parle, non sans inspiration de mauvais amalgame, des « Points ou notes sexuellement transmissibles (PST) » dans les Universités et Instituts supérieurs. A ces jours, faire de l’Université en RD Congo, un haut lieu d’acquisition du savoir, un sanctuaire de connaissance scientifique, suppose que le Professeur ne doit pas se mettre au service de ces apprenants. Il doit plutôt toute sa dévotion à la science et se mettre entièrement au service de celle-ci.
Par MWEMA Joseph