le Pr Didier Raoul évoque des conflits d’intérêts au tour du Covid-19 entre acteurs de la Santé!

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L’après-midi du mercredi 24 juin, une simple audition à l’Assemblée nationale était attendue avec gourmandise comme un événement politique majeur.

Le professeur Didier Raoult, éminent infectiologue et personnalité marseillaise haute en couleur, était entendu par la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion par le gouvernement de la crise de l’épidémie de la Covid-19. Le directeur de l’IHU Méditerranée de Marseille a pu ainsi, trois heures durant, résumer devant les députés membres de la commission d’enquête les critiques qu’il ne s’est pas privé d’émettre depuis le début de l’épidémie, et répondre aux questions qui lui ont été adressées sur sa propre action.

Le Pr Raoult a en effet agi indépendamment des décisions sanitaires nationales, elles-mêmes évolutives ou contradictoires (sur les tests, les masques, le confinement) avec un seul but : soigner. Selon lui, dans cette crise, on a fait passer le soin « au second plan ». Malgré l’interdiction qui lui avait été signifiée par les autorités sanitaires françaises mais conformément aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé, il a dépisté massivement ceux qui se présentaient à l’IHU Méditerranée de Marseille dès le mois de mars. À cette époque, les tests étaient parcimonieusement réalisés dans le pays, et uniquement sur des malades.

Il a diagnostiqué, isolé et soigné les malades précocement avec son traitement associant l’hydroxychloroquine (antipaludéen) et l’azithromycine (antibiotique). Il se dit surpris de l’interdiction intimée fin mars par le ministère de la Santé, aux médecins de ville, et aux fortes restrictions imposées aux hôpitaux, de prescrire comme traitement de la Covid-19 l’hydroxychloroquine. « Il s’était distribué 36 millions de comprimés sans ordonnance, et d’un coup, on décide qu’on n’a plus le droit d’utiliser ça ? » « Ce débat a pris un tour fantasque », après la parution d’un article dans The Lancet qui « annonçait 10% de morts [attribués à l’hydroxychloroquine], je ne pouvais pas croire cela » (un tel pourcentage, a-t-il expliqué, aurait dû se traduire par 600 morts sur les sur 6 000 personnes traitées dans son établissement marseillais). The Lancet a dû en effet désavouer cette étude « de Pieds nickelés », mauvaise compilation de « big data ».

Mais de quel droit a-t-on interdit à des médecins de soigner ? « Je ne suis pas d’accord pour que l’État prenne des décisions médicales à la place des médecins » a souligné le Pr Raoult. « Je suis surpris que l’Ordre des médecins ait accepté une chose pareille, a-t-il commenté. Car c’est de la responsabilité des médecins de faire pour le mieux, pour leurs malades, en leur âme et conscience, compte tenu de notre état de connaissances. » Et de suggérer aux députés de s’intéresser à la constitutionnalité d’un tel oukase.

Il souligne les résultats positifs liés à son traitement et constate un taux de mortalité à Marseille trois fois inférieur à la moyenne nationale. À Paris, ajoute le Pr Raoult, un rien provocant, « la mortalité dans les réanimations est de 43%, chez nous (à Marseille), elle est de 16%. Ce sont les mêmes malades pourtant, ils sont tous en réanimation ».

Fondamentalement, quelles sont les causes principales de la mauvaise gestion de la crise, selon lui ? Certaines viennent « d’une responsabilité humaine directe », d’autres sont « structurelles ». Les deux sortes se combinent dans les Centres Nationaux de Référence (CNR) particulièrement poussifs, selon Didier Raoult, pour valider les tests de sérologie pendant l’épidémie. Dans ces féodalités « qui considèrent que la maladie est leur territoire », s’épanouissent « des personnalités de niche, de blaireaux dans leurs terriers qui mordent si on s’en approche ». Serait-ce pour des raisons analogues qu’il a quitté le Conseil scientifique quelques jours après y avoir été nommé (imposé ?) par le président de la République Emmanuel Macron, alors qu’initialement, il n’en faisait pas partie ? « Ça n’est pas un vrai conseil scientifique. Je ne fais pas de présence, je n’ai pas le temps. Un conseil scientifique, pour moi ça n’est pas une bande de types qui ont l’habitude de travailler entre eux, et qui discutent. Pour moi, un conseil scientifique, ce sont des données et encore des données (…) Il n’y avait pas un seul spécialiste français du coronavirus parmi eux ».

L’accusation se fait plus précise quand le Pr Raoult évoque les conflits d’intérêts que certains pourraient avoir avec des laboratoires tel l’américain Gilead, fabriquant du Remdesivir, autre molécule testée contre la Covid-19. Sans désigner personne, il « recommande » aux membres de la commission « de faire une véritable enquête » en commençant par vérifier la réalité de ces liens d’intérêt entre des entreprises et des acteurs de la santé. Une piste qui méritera d’être explorée !

Philippe Oswald 

Cet article est republié à partir de La Sélection du Jour.

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