Durant son parcours, Romelu Lukaku a traversé la pauvreté, le racisme et les sifflets sous le maillot national de la Belgique. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des meilleurs attaquants du monde.
A Bornem, à quelques encablures de Boom, c’est peu dire que la famille Lukaku a vécu dans un autre univers. La bascule intervient en 1999, quand Roger, le père, termine sa carrière de footballeur. Son fils aîné, Romelu, futur footballeur lui aussi, va garder la pellicule en tête.
« Je me souviens du moment précis où j’ai su que nous étions pauvres », amorce Romelu Lukaku dans un long texte publié sur le site The Player’s Tribune en 2018.
« Je revois le regard de ma mère devant le réfrigérateur. J’avais 6 ans, et je rentrais de l’école pour déjeuner. Ma maman préparait la même chose tous les midis, à savoir du pain et du lait. (…) Et puis un jour, je suis entré dans la cuisine et j’ai vu ma mère avec la brique de lait (…) sauf que cette fois, elle le mélangeait à autre chose. (…) Elle souriait comme si tout allait bien, mais j’ai immédiatement compris. Elle ajoutait de l’eau dans le lait. Nous n’avions plus assez d’argent pour avoir du lait pour toute la semaine. Nous étions fauchés. Pas seulement pauvres, totalement fauchés. »
Une vingtaine d’années ont passé et Romelu Lukaku s’apprête à disputer, ce vendredi 2 juillet, sa 98e cape internationale en quarts de finale de l’Euro. Entre-temps, le gamin de Bornem est devenu le meilleur buteur de l’histoire de la sélection de Belgique (63 réalisations au compteur à ce jour). Surtout, « Big Rom » a tenu sa promesse. « Parfois, en rentrant de l’école, je trouvais ma mère en train de pleurer, dévoilait-il en 2018. Alors, un jour, j’ai fini par lui dire : “Maman, les choses vont changer. Tu verras. Je jouerai bientôt au football pour Anderlecht. Nous serons bien. Tu n’auras plus de soucis à te faire.” »
Affronter les regards suspicieux
Avant d’y arriver, le natif d’Anvers qui parlait flamand à l’école et français ou lingala (langue parlée en République démocratique du Congo, entre autres) à la maison, a dû affronter les regards suspicieux sur les terrains. A la préadolescence, son physique hyper-développé et ses origines congolaises suffisent à lui accoler l’étiquette de « présu » – un terme qui désigne ces joueurs africains enrôlés dans des trafics. « Tout le monde pensait qu’on avait bidouillé ses papiers », regrette Jordan, le frère cadet, dans les colonnes du magazine Eddy. « On avait beau dire qu’il était né en Belgique, les gens n’y croyaient toujours pas.
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