RDC : L’Erreur Historique de Joseph Kabila !

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Nul besoin de rappeler le contexte politique, économique, social ou sécuritaire dans lequel le jeune homme de 29 ans sans expérience a été hissé à la tête de ce grand pays-continent. Joseph Kabila Kabange a remplacé son père assassiné, le pays divisé en plusieurs morceaux avec des rebelles qui ne juraient qu’à la balkanisation. Le pays n’avait pas une armée, ni police, moins encore les infrastructures pour le boostage de son économie.

La RDC était au même titre que la Somalie, pas des routes pour circuler d’une province à l’autre, un pays qui venait à peine de se débarrasser d’un régime corrompu qui a ruiné l’héritage colonial pendant près de 3 décennies.

La structure étatique n’existait pas, il y avait crise de légitimité dans un pays sans aucune loi fondamentale pour guider le fonctionnement des institutions. La constitution du pays n’est venue qu’en 2006, quatre ans après sa prise de fonction dans ce climat chaotique !

Il a alors partagé son règne avec les rebelles, qui tous étaient à la tête des groupes armés, le système 1+4 (1 président et 4 vice-présidents) était une option qui a permit de diriger le pays sous forme d’un bateau avec 4 commandants de bords, dont chacun avait son armée lui obéissant, et ses acteurs politiques guidés avec sa volonté ! De 2001 à 2006 Kabila ne dirigeait pas formellement le pays seul.

Sa volonté première était de refonder l’Etat, et il est parvenu à rassembler tous ces rebelles au tour d’un idéal, qui a débouché sur l’adoption de la constitution du pays, votée massivement par le peuple congolais au referendum.

Joseph Kabila, devient le premier président de l’histoire du pays élu démocratiquement au suffrage universel direct après deux tours du scrutin.

De 2007 à 2011, il est celui qui doit remettre le pays sur les rails, toujours dépourvu d’infrastructures routières nationales, avec une administration fiscale de façade, une armée issue du brassage composée des rebelles en majorité devenus militaires sans formation académique adéquate, une police composée de la même manière que l’armée nationale et dont certains éléments se revendiquant toujours leurs identités rebelles.

La guerre éclata à l’Est avec le CNDP issu du RCD, pillages des minerais du pays avec l’appui du Rwanda et de l’Ouganda, ce groupe armé a déstabilisé le régime naissant de Kabila qui avait pourtant besoin de stabilité sur l’ensemble du territoire pour capitaliser les moindres efforts de la reconstruction. Devant les crimes du CNDP de Laurent Nkunda, la communauté internationale a fermé les yeux.

Joseph Kabila tenta de faire appel aux chinois, pour reconstruire les infrastructures du pays, et booster l’économie, sans quoi il sera impossible de développer ce géant au cœur de l’Afrique, rempli des trésors inexploités. Mais ce contrat chinois est vite combattu en interne, tout comme à l’externe. Les institutions de Bretonwoods, (Banque Mondiale et FMI) s’y opposent et les grandes puissances Occidentales s’en mêlent ! Impossible pour Kabila de dealer avec la Chine. Ainsi le pays restant enclavé, sans route ; comment exploiter ses richesses ?

Il a réussi tout de même à se faire réélire, ayant réussi à rassembler une grande partie d’acteurs politiques et leaders d’opinions au tour de lui à travers des alliances qui sont conclues (non pas comme ailleurs dans les grandes démocraties au tour d’un programme de gouvernance), mais en RDC les alliances se font pour se départager les postes ministériels, les leads des directions d’entreprises publiques et institutions de l’Etat.

Voici alors ses erreurs :

Pour maintenir son règne, il devait corrompre les acteurs politiques, dédoublements des partis politiques, débauchages politiques, et a fermé les yeux contre la mégestion de ses alliés qui formaient la majorité présidentielle.

Dans l’armée, il n’avait vraiment pas toutes les manœuvres d’imposer des grandes réformes visant à professionnaliser son commandement de manière républicaine, ou il subirait le même sort que son père !

Kabila s’est alors mis dans « les présumés détournements » des deniers publics, de même que tous ses alliés dans une impunité totale.

Kabila a oublié alors une chose; étant lui-même déçu de la classe politique congolaise, il n’a plus préparé sa succession.

  • Vital Kamerhe son ancien bras-droit, qui a créé pour lui le PPRD, et qui était vu comme un potentiel successeur du Raïs a été vite écarté du cercle rapproché du Raïs.
  • Moise Katumbi, très célèbre gouverneur du Grand Katanga, avait tous les atouts pour jouer le rôle du dauphin et a même attendu cela jusqu’à la dernière minute, lorsque devrait être convoqué les élections, la plupart d’alliés de Kabila souhaitant qu’il brigue un 3e mandat, ce qui sépara alors Katumbi de son président qui était resté tacite sur le débat de sa succession au pouvoir, alors qu’il était temps d’en parler !
  • Matata Ponyo qui alors était premier ministre avec des reformes très encourageantes, il est parvenu à réaliser des projets, et chantiers importants pour le pays, dont l’opinion nationale présumait en lui une préparation de succession de Kabila. Matata a réussi une stabilité monétaire pendant toute sa gestion, l’économie du pays commençait à redonner espoir aux investisseurs.

Kabila entretenait alors un flou sur sa succession pendant deux ans après l’expiration du délai constitutionnel de son mandat.

C’est ainsi qu’à la dernière minute, alors que les Candidatures étaient déposées à la CENI, il a lui-même désigné un candidat impopulaire pour lui succéder. Pourtant il fallait au moins laisser le choix à ses alliés d’élire l’un deux pour se garantir une légitime interne au tour du successeur.

Ainsi, Kabila commettant l’erreur historique de sa vie politique !

Il a fini par créer un plan de sortie, en faisant un deal électoral présumé avec l’actuel président de la république, qui se retrouve dans presque les mêmes difficultés de Kabila, cherchant comment imposer sa politique, Felix Tshisekedi ne peut autrement sans respecter la constitution qui lui contrait à des alliances politiques, n’ayant pas à lui seul avec son parti UDPS, la majorité absolue au parlement.

Ainsi Tshisekedi, rejoue le même jeu que Kabila, cherchant à conserver son pourvoir, lui de même ne parvient pas à faire décoller le pays qui maintient son déficit en infrastructures nécessaires pour booster son économie, les mêmes problèmes des groupes rebelles se poursuivent comme sous Kabila, et les politiciens dans leurs jeux de positionnement pour des postes ministériels, Tshisekedi doit les satisfaire ou perdre la majorité obtenu encore par des alliances politiques comme sous Kabila.

Et comme par coïncidence, Felix Tshisekedi aussi comme son prédécesseur ne prépare pas sa succession ! Il est aussi accusé des mêmes faits que Kabila ; corruption, détournements, dépassements budgétaires, enrichissements de membres de sa famille biologique etc.

Tribune de Christian Joseph Musenge

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