JOHANNESBURG/LONDRES (Reuters) – L’Afrique du Sud a suspendu l’utilisation du vaccin contre le COVID-19 développé par AstraZeneca (LON:AZN), après que des données ont montré qu’il était peu efficace pour prévenir les infections causées par le principal variant du coronavirus détecté dans le pays, ce qui fait craindre une longue bataille contre l’épidémie.
Alors que le coronavirus a fait à ce stade plus de 2,3 millions de morts dans le monde, l’apparition de milliers de variants, notamment en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne et au Brésil, suscite l’inquiétude, donnant à penser que les vaccins actuels devraient peut-être être modifiés et que les personnes déjà vaccinées devraient recevoir une nouvelle dose de rappel.
Des chercheurs de l’Université de Witwatersrand et de l’Université d’Oxford ont déclaré dans une étude préliminaire à leurs pairs que le vaccin AstraZeneca offrait une faible protection contre le variant sud-africain chez les jeunes souffrant d’une infection légère ou modérée.
« Cette étude confirme, comme attendu, que la pandémie due au coronavirus continuera à se propager dans les populations vaccinées », a déclaré Andrew Pollard, chercheur en chef de l’essai mené par l’université d’Oxford. Il estime toutefois que les vaccins peuvent permettre de baisser la pression sur le système de santé en évitant les formes graves de la maladie.
Le ministre sud-africain de la Santé, Zweli Mkhize, a déclaré que le gouvernement attendait les recommandations des scientifiques sur la marche à suivre pour les vaccinations.
Avant la circulation du variant plus contagieux du coronavirus, le vaccin développé par AstraZeneca était donné efficace dans 75% des cas. Des études ont montré toutefois qu’il limitait peu les symptômes légers de la maladie.
Le laboratoire a indiqué samedi que son vaccin semblait protéger contre les formes les plus graves de la maladie. Il a fait savoir qu’il avait déjà commencé à adapter son vaccin au variant sud-africain.
VACCINATION SAISONNIÈRE
L’Afrique du Sud espère vacciner 40 millions de personnes, soit les deux tiers de sa population, mais n’a pas encore débuté sa campagne de vaccination. Elle espérait pouvoir administrer lundi des doses du vaccin AstraZeneca au personnel de santé; au lieu de cela, les premières vaccinations devraient avoir lieu dans les prochaines semaines, avec les vaccins de Johnson & Johnson (NYSE:JNJ) et de Pfizer-BioNTech .
Le vaccin d’AstraZeneca, plus facile à stocker et à déployer que celui de Pfizer (NYSE:PFE) ou celui de Moderna, constituait un grand espoir pour l’Afrique.
Si les vaccins ne sont pas aussi efficaces que prévu contre les variants du coronavirus, la bataille contre l’épidémie pourrait s’avérer plus longue et plus coûteuse qu’initialement estimée.
L’étude de l’Université d’Oxford met ainsi en avant l’idée d’une vaccination saisonnière au fur et à mesure de l’évolution du virus.
Selon Sarah Gilbert, professeur de vaccinologie à l’Université d’Oxford, des recherches sont en cours pour développer une nouvelle génération de vaccins de rappel qui permettront une protection contre les nouveaux variants.
« C’est le même problème auquel sont confrontés tous les développeurs de vaccins, et nous continuerons de surveiller l’émergence de nouvelles variantes qui se présenteront en prévision d’un changement de souche dans l’avenir », a-t-elle déclaré.
LE ROYAUME-UNI ET LA FRANCE CONFIANTS
Le vaccin AstraZeneca contre le COVID-19 empêche les patients de mourir, de développer des maladies graves et est efficace contre les principales variantes du virus au Royaume-Uni, même s’il n’est pas exclu que les personnes vaccinées puissent recevoir une dose de rappel lié aux mutations, a réagi lundi le ministre britannique de la Santé, Edward Argar.
« Il n’y a aucune preuve que ce vaccin n’est pas efficace dans la prévention de l’hospitalisation, des maladies graves et de la mort, et c’est ce que nous recherchons en fin de compte avec ces vaccins aujourd’hui », a-t-il ajouté sur la chaîne Sky.
« Les souches dominantes dans ce pays ne sont pas la souche sud-africaine, il y a un petit nombre de cas, les souches dominantes ici sont la souche historique que nous avons eue, puis la variante découverte dans le Kent, contre laquelle ce vaccin est très efficace », a-t-il assuré.
D’après le ministre britannique de la Santé, 147 personnes ont été infectées par la variante sud-africaine en Grande-Bretagne.
En France, le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré lundi continuer de recommander l’utilisation du vaccin AstraZeneca dont les livraisons ont commencé samedi dans le pays.
« Aujourd’hui je continue de recommander aux soignants (…) la vaccination des publics cibles par le vaccin AstraZeneca, qui protège contre au moins 99% des souches qui circulent aujourd’hui dans notre pays », a-t-il dit.
Face à cette situation, certains pays comme le Rwanda vient de suspendre les vols en destinations et en provenance d’Afrique du Sud, jusqu’à nouvel ordre.