Sahel: la France veut changer de cadre et de stratégie dans la lutte contre le terrorisme

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Le président Macron veut « transformer » en profondeur la présence militaire française au Sahel. C’est ce qu’il a expliqué, jeudi 10 juin, au cours d’une conférence de presse. Concrètement, cela signifie une réduction des effectifs français dans la région, et « la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure », au profit d’une alliance internationale associant États de la région et Européens. Explications.

« La forme de notre présence » au Sahel « n’est plus adaptée à la réalité des combats », a déclaré le président Macron. Concrètement, l’annonce faite jeudi soir ne signifie pas que la France se retire de la région, mais qu’elle va réduire ses effectifs.

Emmanuel Macron a parlé de « plusieurs centaines de soldats » contre plus de 5 000 aujourd’hui. Il a aussi évoqué la fermeture de certaines bases de l’armée française, sans préciser lesquelles. Mais c’est surtout le cadre de cette présence française qui va évoluer. L’idée est de se concentrer exclusivement sur la lutte contre le terrorisme et non plus de sécuriser de vastes zones où les États concernés peinent à reprendre pied.

Et de le faire au sein d’une alliance internationale. Une alliance structurée autour de la force européenne Takouba, lancée en mars 2020, et « appelée à monter en puissance », a dit Emmanuel Macron. La France restera la colonne vertébrale de cette force à laquelle seront associées d’autres armées africaines et internationales.

Pourquoi annoncer de tels changements aujourd’hui ? « Il y a un phénomène d’usure », a estimé le président, et « un sentiment généralisé qu’on perd le fil de ce pour quoi nous sommes là ». Une décision motivée aussi et surtout par les choix de certains dirigeants sahéliens. « Je suis obligé de constater que, dans plusieurs États de la région, il n’y a pas eu un réengagement des décideurs pour faire revenir l’État et l’administration dans les zones qu’on libère du terrorisme », a déclaré Emmanuel Macron, avant d’ajouter : « Ce n’est pas le rôle de la France de se substituer à perpétuité aux États ».

LA FRANCE N’A PAS VOCATION À RESTER ÉTERNELLEMENT AU SAHEL PAR SA FORCE – C’EST CONNU DEPUIS LE DÉBUT – ET ÉVIDEMMENT, CE SONT LES AFRICAINS QUI ONT POUR VOCATION À ASSURER LA SÉCURITÉ DES PAYS AFRICAINS.

Dans l’entourage du chef de l’État français, un de ses proches décrypte : « Une opération militaire qui dure devient, qu’on le veuille ou non, comptable des échecs des États de la région sur lesquels on n’a pas de prise, mais dont on se retrouve à assumer la responsabilité ».

Si ces annonces ont semblé prendre tout le monde de court, à l’Élysée on assure que tout ce qui a été dit jeudi avait clairement été exposé en début d’année par Emmanuel Macron à ses homologues sahéliens. On notera que ces annonces interviennent dans un contexte particulier en France : l’élection présidentielle a lieu dans dix mois. Or, cette opération Barkhane semblait de plus en plus impopulaire dans l’Hexagone comme en témoignait un sondage publié en début d’année.

Mais il n’y a, à ce stade, pas plus de précision ni de calendrier. Cette annonce a été faite au cours d’une conférence de presse consacrée à divers sujets. Ce nouveau dispositif devrait être au menu du prochain Conseil européen, prévu le 24 juin.

Avec rfI

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