La crise du Covid-19 frappe la presse africaine de plein fouet !

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Les médias africains n’échappent pas au marasme économique mondial post-nouveau coronavirus. En Afrique, à la baisse des moyens financiers d’informer, s’ajoute une hausse des atteintes à la liberté d’informer. Revue.

Avec des revenus qui s’effondrent et des coûts qui augmentent, l’industrie des médias sur le continent africain, déjà extrêmement précaire, subit durement la crise économique qui elle-même découle de la pandémie de nouveau coronavirus venue de Chine. Non seulement la propagation du virus a fait chuter les revenus, mais elle a également posé des défis logistiques sans précédent à la profession.

Si les chiffres officiels font état d’un peu plus de 5 000 décès sur le continent, sur un total de plus de 400 000 dans le monde, les gouvernements ont néanmoins imposé des mesures préventives strictes. Le confinement a compliqué les reportages et contraint les journalistes à faire du télétravail dans des conditions difficiles, à cause des coupures récurrentes d’électricité ou de services internet défaillants.

Au Nigeria

The Punch et Vanguard, deux des plus grands quotidiens du pays (207,5 millions d’habitants), ont annoncé fin mai 2020 des coupes budgétaires drastiques qui passent entre autres par des dizaines de licenciements au sein de leurs rédactions, en conséquence de la crise sanitaire. « Ce qui se passe au Nigeria ne nous est pas spécifique. Le monde entier en ressent les effets« , explique Qasim Akinreti, le président de l’Union des journalistes de Lagos. « Nous avons perdu des centaines d’emplois au cours des quatre derniers mois », principalement en raison de la chute des revenus publicitaires.

Les responsables du principal syndicat des journalistes nigérians ont exhorté le président Muhammadu Buhari à mettre en place une aide d’urgence aux médias en détresse. Mais beaucoup craignent que cette situation de dépendance ne fasse qu’accroître l’ingérence politique au sein du quatrième pouvoir, déjà souvent infiltré par de puissants intérêts en Afrique.

« Le gouvernement nigérian harcèle les médias. De nombreux journalistes sont (régulièrement, NDLR) poursuivis pour des délits pas sérieux« , affirme Olubunmi Ajibade, professeur à l’Université de Lagos. « Recueillir des fonds de sauvetage auprès du gouvernement en ce moment compromettra leur indépendance et leur liberté« , estime-t-il.

Au Kenya

Dans ce pays d’Afrique de l’Est de plus de 53 millions d’habitants, certains médias ont réduit les salaires de moitié. En même temps, face à la rapidité et la gravité de la crise, les appels à l’aide des professionnels de l’information au gouvernement se sont multipliés. En réponse, le Kenya a dévoilé le 6 juin la création d’un fonds spécial d’environ 900 000 euros qualifié d' »historique » pour aider quelque 150 diffuseurs à traverser la tempête. Pour David Omwoyo, le patron de l’autorité de régulation du Kenya, le Covid-19 « met sous forte pression les stations de télévision et de radio« .

A Madagascar

Sur la Grande Ile, la presse écrite et audiovisuelle est soumise aux diktats de l’information officielle. Le gouvernement d’Andry Rajoelina qui, dès le déclenchement de la crise du coronavirus, a obligé les médias à diffuser les annonces des autorités sur la pandémie, vient de pousser l’ingérence encore plus loin.

« Le régime profite de cette réquisition pour diffuser des messages de propagande« , assure à l’AFP Nadia Raolimanalina, chef de service des informations de la télévision MBS et directrice de publication des journaux Le Quotidien et N’y Vaovaontsika. « L’Etat a tout verrouillé (…). On nous a informés que plusieurs médecins sont atteints du coronavirus à l’hôpital Morafeno de Toamasina (est), mais personne ne peut en parler car il y a la peur d’aller en prison pour diffusion de fausses informations« , explique-t-elle.

Ailleurs en Afrique

A cause des suites de la crise sanitaire, en Ouganda, une imprimerie majeure d’hebdomadaires a cessé ses activités. En Namibie, les horaires ont été réduits et les plans de licenciement se sont accélérés. Au Cameroun, des journaux privés ont même organisé une journée « presse morte » pour dénoncer l’absence de réaction des pouvoirs publics. Ajoutons que dans ce pays, la liberté de la presse, déjà fragile, vient d’être mise à mal de manière spectaculaire avec la mort en prison d’un jeune reporteur, accusé d' »intelligence avec les terroristes« .

Un peu partout sur le continent, plusieurs incidents impliquant des forces de sécurité empêchant les journalistes de faire leur travail ont été recensés. Comme au Ghana, souvent cité comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, où les soldats déployés dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 ont « agressé » deux journalistes en avril, selon le Comité pour la protection des journalistes, ONG établie aux Etats-Unis.

Enfin, un certain nombre de pays, dont l’Afrique du Sud, ont introduit de nouvelles législations criminalisant la diffusion de fausses informations sur la pandémie. Des lois qui, tout en luttant contre les fake news, donnent aux autorités plus de latitude pour mater la presse.

Selon Lekhetho Ntsukunyane, responsable du Lesotho à l’Institut des médias d’Afrique australe, deux reporteurs du petit royaume ont d’ailleurs été rappelés à l’ordre après l’adoption d’une nouvelle réglementation – après quoi le sérieux de leur travail a fini par être reconnu. Le métier d’informer, plus souvent qu’on ne le pense, relève aussi du parcours du combattant.

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