« La liberté religieuse ne signifie pas que nous sommes d’accord, mais que nous vivons en paix avec nos profondes différences. »
La semaine dernière, l’Alliance évangélique mondiale (AEM) a signé une déclaration de coopération avec Nahdlatul Ulama (NU), une association indonésienne musulmane qui compte entre 30 et 50 millions de membres selon les estimations et dont le nom signifie « Renaissance des érudits religieux ».
Le jour de l’ouverture du premier Sommet international sur la liberté religieuse qui s’est déroulé à Washington du 13 au 15 juillet, Yahya Cholil Staquf, secrétaire général de la NU et le secrétaire général de l’AEM, Thomas Schirrmacher ont signé la « Déclaration de la mosquée de la nation ».
Une déclaration qui appelle à « l’émergence d’un ordre mondial vraiment juste et harmonieux » et entend établir une « alliance mondiale pour empêcher la militarisation politique de l’identité et la propagation de la haine communautaire » rapporte Christianity Today.
« Les évangéliques aspirent beaucoup au prosélytisme, tout comme l’islam. Alors naturellement, il y aura de la concurrence. Mais nous devons faire en sorte que cette compétition se déroule dans un environnement paisible et harmonieux » a affirmé Yahya Cholil Staquf.
Pour Thomas Schirrmacher, « la coopération de l’AEM avec NU » est le « produit d’un dialogue théologique approfondi, à l’encontre de la tendance académique à minimiser les prétentions à la vérité ». « Nous travaillons ensemble pour le droit de nous convertir les uns les autres » a ajouté le théologien.
Car cette déclaration est avant tout un encouragement au respect de la liberté religieuse et à la paix malgré la différence.
« La liberté religieuse ne signifie pas que nous sommes d’accord, mais que nous vivons en paix avec nos profondes différences. »
Elle inclut également la reconnaissance d’un « accord profond » en ce qui concerne « l’amour du prochain, de la dignité humaine et de l’aide aux personnes vulnérables ».
Si l’Indonésie est un pays officiellement laïc et démocratique où la presse est libre, « depuis quelques années, l’islam modéré perd du terrain et la société se radicalise » rapporte l’ONG Portes Ouvertes qui classe le pays 47e sur les 50 pays du monde où il est le plus difficile d’être chrétien.
Lors du Sommet international sur la liberté religieuse, Yahya Cholil Staquf a affirmé que « si nécessaire, les sociétés traditionnelles doivent apporter des changements à leurs propres valeurs ».
Il a particulièrement pointé la catégorie « des infidèles », qui selon lui « n’a aucune pertinence juridique dans le contexte d’un État-nation moderne » rapporte le journal indonésien Suaramerdeka. Il a ajouté qu’abolir la catégorie des « non-musulmans » permettra « de coexister pacifiquement avec les autres ».
« Nous devons continuer à obéir à notre religion, mais en même temps faire la paix avec les autres » a continué le leader musulman. « Nous espérons que le monde nous rejoindra. » a-t-il conclu.
Sam Brownback, co-président et initiateur du Sommet a salué le discours du secrétaire général de NU. « Le monde a vraiment besoin du rôle de Nahdlatul Ulama pour un avenir de civilisation plus harmonieux », a déclaré l’ex-ambassadeur pour la liberté religieuse
Avec Info Chrétienne