La vie de dizaines de milliers de Sud-soudanais est menacée par la faim, ont averti vendredi plusieurs agences des Nations unies, alors que des combats continuent dans certaines régions malgré la signature d’un accord de paix en septembre.
« La sécurité alimentaire continue de se détériorer », a déclaré Pierre Vauthier, directeur au Soudan du Sud de l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors d’une conférence de presse à Juba. « Les projections sont alarmantes ».
L’échelle IPC, la plus utilisée pour classifier la sécurité alimentaire, distingue cinq phases possibles dans la situation alimentaire d’un pays, la cinquième étant celle de « catastrophe ».
En 2017, lorsqu’une famine « causée par l’homme » avait été déclarée pendant quelques mois dans certaines zones du pays, quelque 4,9 millions de Sud-soudanais, soit 40% de la population, avaient atteint les niveaux 3, 4 ou 5 d’insécurité alimentaire.
Ce chiffre est actuellement de 6,1 millions de personnes et pourrait augmenter à 6,8 millions au plus fort de la période de soudure, entre mai et juillet, si aucun effort humanitaire supplémentaire n’est fourni, ont indiqué dans un communiqué commun la FAO, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
A l’heure actuelle, quelque 30.000 Sud-soudanais ont atteint le niveau 5 de l’insécurité alimentaire dans les régions de Jonglei (est) et des Lacs (centre).
« Ceux qui ont le plus besoin d’aide sont des femmes et enfants en situation de malnutrition », a souligné Simon Cammelbeeck, qui dirige les opérations du PAM au Soudan du Sud, lors de la conférence de presse.
Le pays a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque le président Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président et membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’Etat.
Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique et par le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts, selon une étude récente. Il a poussé plus de quatre millions de Sud-Soudanais –soit près d’un tiers de la population– à fuir et a également été marqué par la violation d’accords de paix et de cessez-le-feu.
Depuis la signature du dernier accord de paix en date, en septembre, les diplomates étrangers assurent que les combats ont diminué mais certaines zones sont encore le théâtre d’affrontements, notamment dans le sud du pays où des rebelles n’ayant pas signé l’accord de paix sont opposés aux forces du gouvernement.
AVEC TV5 AFRIQUE