Aux États-Unis, Joe Biden a mis un terme au renvoi automatique des demandeurs d’asile vers le Mexique. Une victoire pour les demandeurs d’asile nécessitant toutefois une nouvelle prise en charge qui mobilise des ministères chrétiens.
La politique migratoire controversée mise en place par Donald Trump, « Remain in Mexico » (Rester au Mexique en français NDLR) qui consistait à renvoyer les demandeurs d’asile au Mexique durant l’examen de leur dossier a été stoppée en février dernier par l’administration Biden.
Cette victoire pour les demandeurs d’asile n’est que le début des défis qu’ils doivent affronter une fois arrivés aux États-Unis. Pour Alma Ruth, fondatrice et présidente de Practice Mercy, une ONG basée au Texas au service des migrants qui témoigne auprès de Christianity Today, « Ils terminent une Via Dolorosa », utilisant l’expression espagnole pour le « chemin de la douleur » que Jésus a emprunté sur le chemin de la croix, « et ils en commencent un autre ».
Alma Ruth est décrite sur le site de son ONG comme « une disciple passionnée de Jésus avec un cœur pour la paix et la justice, défendant avec diligence les chrétiens du Moyen-Orient, en particulier de Bethléem, tout en vivant et en servant parmi les communautés internationales le long des frontières du Mexique et du Texas ». Le but de son association est d’inviter « les croyants à faire preuve de compassion » envers ces migrants qui passent le frontière.
Lorsque le programme « Rester au Mexique » mis en place par l’administration Trump a commencé en 2019, elle s’est vite rendue compte que le besoin était trop grand pour être ignoré. Elle a alors commencé à visiter les camps qui devenaient de plus en plus important, aidant les familles à se procurer les produits de première nécessité et priant avec les nombreux chrétiens qui cherchaient désespérément un encouragement spirituel.
Selon elle, la majorité des demandeurs d’asile hispanophones sont des croyants. Elle raconte que ceux qui vivaient dans les camps avaient commencé à former des églises, se rassemblant dans des tentes. Mais alors qu’elle passait son temps à faire des allers retours, elle a commencé à se demander : où est l’église américaine ?
Alma Ruth affirme que la présence d’organisations chrétiennes dans le camp de Matamoros est extrêmement limitée.
« Vous pouvez compter avec vos doigts les organisations confessionnelles qui ont aidé le camp de réfugiés de Matamoros. »
Une fois aux États-Unis, davantage de ministères chrétiens ont mis en place des systèmes pour aider les migrants, mais pour ceux qui n’ont pas encore traversé la frontière, l’aide est rare constate la missionnaire qui s’est engagée auprès des femmes enceintes, particulièrement vulnérables dans ce contexte. Elle raconte avoir par exemple aidé une femme à accoucher dans une tente.
Ruth a alors lancé son ONG Practice Mercy qui lui a permis de recevoir le soutien financier des églises américaines. Elle estime que les chrétiens doivent changer leur façon de penser au ministère envers ceux qui sont pris dans le système chaotique du pays en ce qui concerne l’immigration.
Une femme enceinte de neuf mois venue du Honduras dont s’occupe la missionnaire chrétienne, s’est confiée à Christianity Today sur ce qu’elle a traversé avec sa famille :
« Nous avons enduré la faim, le froid, la chaleur et le racisme pendant longtemps. Nous avons subi de nombreuses injustices. »
Quand elle est tombée enceinte, rapporte-t-elle, « Soeur Alma était là pour l’aider ». « Je remercie Dieu de l’avoir mise sur notre chemin. Elle était et continue d’être un ange pour nous » continue la migrante qui affirme que « Dieu nous surprend toujours avec ses miracles » et que le reste de sa vie ne sera pas suffisant pour « le remercier de tous les miracles qu’il a faits » pour sa famille et pour elle.
Camille Westphal Perrier
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